Des amis bien placés 86 mn / 57 mn, 35mm, dolby stéréo Les décennies de corruption et d’isolement que subit la Birmanie – depuis 1989, "Myanmar" – sous la dictature du général Ne Win a fait de ce pays autrefois prospère l'un des plus pauvres de la terre. Au-delà du sinistre inventaire des mesures de répression et des échecs économiques du régime, il existe cependant l'univers méconnu et fantastique du culte des naqs. Les 'naqs' sont des êtres surnaturels, mi-dieux mi-esprits, dont beaucoup furent autrefois victimes d'un pouvoir injuste. Le peuple birman, lui-même à la merci d'une junte imprévisible, n'a pas de mal à s'identifier à ces personnages surnaturels. Cela explique que ce culte ancestral soit toujours aussi vivant de nos jours bien que plus de 80% des Birmans soient buddhistes. Des médiums, encore appelés naggedos, jouent ici un rôle central; beaucoup d'entre eux sont des homosexuels. "Friends in High Places", tourné sans autorisation à Rangoun, la capitale de la Birmanie, nous conduit dans cet univers du culte naq en nous montrant comment vivent certains médiums. Deux vieilles Birmanes nous servent de guides dans ce royaume inconnu aux costumes chatoyants, aux histoires poignantes, à la musique extatique et aux danses extravagantes. Nous découvrons l'importance singulière des médiums naqs au sein de la société birmane où ils tiennent parfois lieu d'assistante sociale – voire de psychiatre – pour toutes les couches de la population. Tandis que le régime militaire célèbre son pouvoir lors d'interminables parades retransmises à la télévision et que les premières averses de la mousson tombent sur la ville de Rangoun, nous découvrons à quel point le surnaturel est présent dans la vie quotidienne des Birmans. Au cours de consultations privées avec leurs médiums, les gens parlent de leurs problèmes, de leurs espoirs et de leurs craintes, nous donnant un aperçu de leur existence entre la dictature et le capitalisme sauvage. Nous voyons des Birmans de tous âges s'adonner aux rites spectaculaires du naq pwe pour amadouer les naqs tout en jouissant de la vie – ce qui n'a vraiment rien de bouddhique – malgré la triste réalité de leur quotidien. Un tableau authentique et humain de l'art de la survie dans la Birmanie d'aujourd'hui.